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1 Ce qu'est un système cryptographique
Dans la situation générique exposée plus haut, on appelle texte
clair l'information qu'Alice veut envoyer à Bob. Il faut bien comprendre
qu'il peut s'agir ici de n'importe quel type de données, le terme
« texte » étant employé largement. Par exemple, Alice pourrait
vouloir envoyer un texte en français, un morceau de musique, ou un
fichier informatique. Le texte clair est chiffré et ensuite envoyé
à travers un canal vers Bob.
Un système cryptographique comporte cinq composantes de base:
- Un ensemble fini de blocs de texte clair possibles, que l'on identifie
. Un exemple d'un tel ensemble pourrait être les 26 lettres de
l'alphabet ou les deux valeurs possibles d'un bit.
- Un ensemble fini de blocs de texte chiffré possibles, que l'on identifie
.
- Un ensemble fini de clés possibles, que l'on identifie . La clé
pourrait être un nombre, un mot-clé, un paquet de cartes dans un ordre
prédéterminé.
- Un ensemble de règles de chiffrement possibles, que l'on identifie
. Il s'agit ici de transformations mathématiques distinctes mais
semblables.
- Un ensemble de règles de déchiffrement possibles, que l'on identifie
.
Ces composantes sont liées d'une façon spéciale: pour toute clé de
chiffrement , une règle de chiffrement
lui
est associée, ainsi que la règle de déchiffrement correspondante
.
La fonction de chiffrement opère sur un bloc de texte clair
et en fait un bloc de texte chiffré , c'est-à-dire
que
. La règle de déchiffrement opère
en sens contraire:
.
La propriété la plus importante est le fait que
pour tout bloc de texte de clair . Cette relation indique
que le déchiffrement du texte chiffré donnera toujours le texte clair.
Sans cette propriété, il serait impossible de retrouver l'information
du départ.
De façon pratique, un bon système cryptographique sera un système
où
- est facile à calculer rapidement;
- il est très difficile de trouver à partir de la valeur de
si l'on ne connait pas .
On atteindra le deuxième but de deux façon: en augmentant l'étendue
de de façon à augmenter le nombre de possibles, et en utilisant
une fonction qui ne donne absolument aucun indice sur la
nature de . Une telle fonction est dite irréversible.
La plupart des fonctions arithmétiques sont réversibles. Par exemple,
si la fonction de chiffrement est
et qu'on obtient
une valeur de égale à , on pourra savoir que en utilisant
la fonction inverse
(voir figure 1).
Figure 1:
|
Toutefois, si la fonction de chiffrement est, par exemple, une fonction
du type
, il pourra exister plusiers de valeurs de
possibles pour chaque (voir figure 2).
Figure 2:
|
Ce type de fonction irréversible est utilisée dans les algorithmes
modernes les plus puissants. Elle tire son pouvoir de l'arithmétique
modulaire, laquelle fut utilisée dès le tout début, lorsque la cryptographie
elle-même faisait ses débuts.
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Simon Perreault
2002-06-02